Loi travail : « C’est un retour vers le passé d’une grande brutalité » interview d’Eric Beynel dans l’ Humanité du 29 février 2016

Entretien avec le porte-parole de l’union syndicale Solidaires. Totalement opposée à l’avant-projet de loi travail, l’union syndicale Solidaires s’associe aux mobilisations du 9 mars, date où devrait être présenté le texte en Conseil des ministres. L’organisation participera le 3 mars à l’intersyndicale pour décider d’une autre journée d’action.

Quels sont les points à revoir absolument dans l’avant-projet de loi El Khomri ?

Éric Beynel : La loi en entier, tout simplement. Je ne sais pas d’ailleurs s’il faut l’appeler loi El Khomri. Je l’appellerai plutôt loi Gattaz. Ce n’est pas une loi du ministre du Travail d’un gouvernement dit socialiste. C’est un projet de loi profondément patronal, qu’il s’agisse de la traduction pure et simple du rapport Badinter, des pages sur le temps de travail, sur la facilitation des licenciements, de l’inversion de la hiérarchie des normes, de l’attaque sur la médecine du travail : à chaque ligne, il y a des mesures régressives pour l’ensemble du salariat. La totalité de la loi doit être mise à la broyeuse. Est-ce un progrès que de permettre la modulation horaire sur trois ans ? Nous ne voyons ni la rationalité ni une saisonnalité qui pourraient la justifier. Est-ce un progrès de baisser les durées de repos entre deux vacations ? On sait que, dans les horaires atypiques, la durée de repos est une protection extrêmement importante pour les salariés.

Hier, Emmanuel Macron déclarait dans le Journal du dimanche : « Notre système est injuste et inadapté. » Qu’en pensez-vous ?

Éric Beynel : Oui, le système est injuste et inadapté, mais les lois Macron, Rebsamen et le projet El Khomri visent à le rendre plus injuste et encore plus inadapté à la protection des salariés. Le progrès social, c’est protéger les salariés et non les exposer encore plus dans cet univers difficile et concurrentiel. Emmanuel Macron a dit aussi qu’il ne faut pas vivre dans le passé. Or, justement, toutes les conquêtes de progrès qui ont pu être faites sont amenuisées, éliminées : Code du travail, médecine du travail, inspection du travail, horaires de travail, etc. C’est un retour vers le passé d’une grande brutalité.

La mobilisation contre la loi s’étend. Comment voyez-vous l’évolution de l’intersyndicale ?

Éric Beynel : Les choses évoluent très vite. Solidaires s’inscrira dans les intersyndicales qui se positionneront sur une ligne de combat de cette loi. Nous irons à la réunion intersyndicale proposée par la CGT le 3 mars à 13 heures. Mais nous n’irons pas à la réunion intersyndicale le matin à l’Unsa, qui ne vise qu’à essayer d’amender à la marge un projet non amendable en l’état. Dans la période que nous connaissons, les intersyndicales doivent avoir pour objectif de construire une mobilisation à la hauteur des attaques. Solidaires s’associe et encourage toutes et tous à participer aux initiatives proposées le 9 mars, jour où le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres. Ce sera déjà une journée d’action RATP et SNCF. Les retraités seront en action le 10 mars, le secteur social le 15, la Poste le 23, avec une perspective de mobilisation dans la fonction publique le 22 mars. Tout ce mois de mars doit être mis à profit pour construire des convergences et un mouvement large et fort le 30 ou 31 mars, date qui pourrait se décider à l’intersyndicale de jeudi.

Au-delà de la contestation, que proposez-vous ?

Éric Beynel : Solidaires a des propositions sur la réduction du temps de travail, sur un vrai statut du salarié qui ne soit pas cette coquille vide qu’on nous propose sur le projet de loi avec le compte personnel d’activité (CPA), sur des politiques d’emploi socialement et écologiquement utiles. On peut travailler à la reconversion des industries polluantes, relocaliser des emplois pour économiser en transports au lieu d’économiser en emplois comme aujourd’hui. Toute une série de projets peuvent se mettre en place et assurer un réel progrès social. Et non pas une destruction de nos protections telle que prévue dans le projet de loi travail.

>> L’article sur le site de l’Humanité

Article publié le 29 février 2016

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